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23 novembre 2018

Les Indiens d’Amazonie équatorienne utilisaient le cacaoyer il y a déjà 5300 ans

Une équipe internationale*, associant archéologues, anthropologues, biochimistes et généticiens, vient de mettre en évidence, pour la première fois, des traces archéologiques montrant l’utilisation du cacao en Amérique du Sud à l’époque précolombienne. Ce résultat vient d’être publié sur le site de la revue Nature Ecology & Evolution.

Des traces de cacao, datant de 5300 ans, ont été retrouvées dans des céramiques anciennes d’Amazonie équatorienne. C’est la plus ancienne utilisation du cacao montrée à ce jour. Elle précède de 1500 ans la domestication du cacao, faite par les Olmèques et les Mayas en Amérique centrale.

C’est au sud de l’Amazonie équatorienne, sur le site archéologique de Santa Ana-La Florida (SALF), situé à Palanda, et mis à jour il y a 16 ans par l’archéologue Francisco Valdez et son équipe franco-équatorienne (IRD/INPC), que ces preuves ont été accumulées. Les Mayo Chinchipe, qui constituent la plus ancienne civilisation amérindienne de la haute Amazonie connue à ce jour, y ont résidé de façon continue depuis au moins 5300 ans. Des restes de maisons et un site cérémoniel y subsistent.

"L’utilisation du cacao a pu être mise en évidence, en analysant à la fois la présence de grains d’amidon, caractéristiques du genre Theobroma , la présence de traces de théobromine, composé biochimique spécifique des fèves matures de cacao, et la présence d’ADN anciens de cacaoyer dans des résidus de céramique datant, pour certaines, de plus de 5300 ans", révèle Claire Lanaud, généticienne au Cirad, spécialiste du cacao, et un des auteurs principaux de l’étude. Ces céramiques proviennent de tombes ou de contextes domestiques : elles montrent bien l’utilisation du cacao faite aussi bien comme offrande funéraire que comme nourriture quotidienne".

Les analyses d’ADN ancien ont été menées par l’équipe de généticiens du Cirad, en collaboration avec l’INPC, l’IRD et l’Inra, grâce au projet "Domestication passée et présente du cacao" financé par la Fondation Agropolis. L’équipe a pu montrer, après séquençage, la présence de fragments d’ADN spécifiques de l’espèce Theobroma cacao , malgré leur très forte dégradation, liée au milieu tropical humide où ils ont été conservés.

Le site archéologique de Santa Ana-La Florida est situé dans l’aire d’origine de la variété de cacao Nacional , cultivée dans la région de l’Equateur, coté Pacifique et à l’origine de toute la production de cacao fins de ce pays. La présence de coquillages, tels que les spondylus et les strombus , issus de la côte Pacifique, sur le site archéologique, montre que des communications existaient entre les peuples de la côte Pacifique et ceux d’Amazonie, comme les Mayo Chinchipe. "Ces derniers pourraient ainsi avoir joué un rôle majeur dans la domestication du cacaoyer et de la variété Nacional".

* INPC : Instituto Nacional de Patrimonio Cultural, INIAP : Instituto Nacional de Investigación Agropecuaria, Ministère de la culture et du patrimoine (Equateur) ; University of Calgary, University of British Columbia (Canada) ; University of California, UC-Davis, , Kennesaw State University (USA) ; Cirad, HelixVenture, Inra, IRD (France).