Au Sénégal, les riziculteurs vendent de manière majoritaire leur paddy à des décortiqueurs artisanaux. Depuis la crise alimentaire de 2007/2008, des investissements privés ont lieu dans de grandes unités de décorticage, parfois avec le soutien de politiques publiques.
Le projet SISFUV a pour objectif d’identifier les chemins d’impact de la vente par contrat sur les revenus et la sécurité alimentaire des petits producteurs de la Vallée du Fleuve Sénégal. Pour assurer leurs approvisionnements, ces riziers mettent en place de nouveaux modes de coordination avec des producteurs cultivant moins de 2 hectares, en lien avec le financement à crédit des campagnes rizicoles. Le contrat de commercialisation fait correspondre à un niveau de qualité du paddy un prix négocié au sein de l’interprofession. Toutefois, l’impact de ce changement de gouvernance sur la rémunération et la sécurité alimentaire des petits producteurs n’est pas clair.
L’objectif est atteint par une combinaison d’approches quantitatives et qualitatives :
Les résultats du projet contrastent ceux de la littérature. Le contrat de commercialisation n’a pas d’effet significatif sur les revenus des producteurs puisqu’il ne leur permet pas l’accès à des intrants plus productifs que ceux obtenus dans le cadre de la vente par négociation, ni de vendre à un prix supérieur. Le contrat de production a un effet négatif sur les revenus des producteurs puisqu’il inclut un coût implicite élevé d’intérêt et d’assurance du crédit. Enfin, le contrat de commercialisation améliore la sécurité alimentaire des producteurs, puisqu’il atténue la saisonnalité des prix, ce qui confirme les quelques recherches incluant cet indicateur.
La transformation de la chaîne de valeur du riz du Sénégal doit encore être questionnée. Les investissements d’agro-business peuvent impacter la durabilité des pratiques agricoles et l’accès au foncier des petits producteurs. Des processus similaires semblent aussi être en cours dans d’autres pays d’Afrique.