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Entretien avec Caitriona Carter, directrice de recherche en sciences politiques, Inrae

En amont du 27e CS de la Fondation, nous vous proposons de faire connaissance avec les membres (passés, actuels) de notre Conseil scientifique. La parole est à Caitriona Carter, directrice de recherche en sciences politiques, Irstea.

Pourquoi êtes-vous devenue chercheure ?

C’est une question intéressante, et ce n’est pas une question qu’on m’a souvent posée. J’y ai réfléchi, et je pense que je suis devenue chercheure parce que j’ai toujours tenu à aider les gens à changer leur vie. En tant que politologue - la science politique étant une discipline qui s’intéresse beaucoup aux acteurs (publics, collectifs, privés) et au pouvoir - on peut soutenir les gens de cette façon, en produisant des connaissances sur le changement politique, en particulier pour les acteurs ou les groupes sociaux non dominants. Par exemple, dans mon travail, j’ai étudié comment les acteurs ont effectué des changements au nom de la durabilité ; comment ils ont acquis du pouvoir et les ressources politiques et institutionnelles qu’ils ont mobilisées pour ce faire. On peut obtenir des résultats sur la façon dont les politiques publiques façonnent les vies, sur la façon dont elles sont élaborées et sur les intérêts de ceux qui les élaborent. Ces connaissances sont importantes car les politiques publiques jouent un rôle essentiel dans les transformations de la durabilité, par exemple en facilitant ou en bloquant le processus de transition.

Qu’est-ce qu’une « communauté scientifique » ?

Une communauté scientifique peut être un certain nombre de choses différentes. Tout d’abord, le terme peut se référer à tous les scientifiques, par opposition aux autres professions. Il peut également se référer à une cohorte disciplinaire, comme la communauté des sciences politiques, avec son association, etc. Une communauté scientifique peut également être une communauté organisationnelle : Je travaille à l’Inrae, qui a sa propre communauté institutionnalisée. En tant qu’organisation, nous avons nos propres programmes et priorités de recherche communs, qui peuvent différer de ceux de la communauté des sciences politiques... Un quatrième type de communauté scientifique est un groupe de scientifiques qui s’associent pour travailler sur des questions communes, issues de différentes disciplines. Il peut s’agir d’une communauté plus « spontanée », comme le Labex Agro par exemple, même si elle continue alors à travailler pendant plusieurs années. Nous cherchons actuellement à construire une telle communauté à Bordeaux, un « Grand programme de recherche » intitulé « Faire face au changement global : approches intégrées pour l’homme et l’environnement ».
L’un des défis actuels est de savoir comment évoluer au sein de ces communautés et comment construire son identité au sein de ces communautés. Car je pense vraiment que la science est une entreprise collective : on ne fait pas de la science tout seul.

Quelles sont vos ambitions et vos attentes concernant votre participation au Conseil scientifique d’Agropolis Fondation ?

Ce sera ma première réunion cette semaine, je suis très enthousiaste à l’idée de connaître toutes les recherches qui se déroulent dans la communauté Labex AGRO, et de pouvoir contribuer aux discussions, en promouvant la qualité scientifique et les effets structurants des projets. En tant que représentante de l’Inrae, j’aurai bien sûr un rôle institutionnel. Mais je pense que ce qui est important pour moi, c’est que nous avons aussi, en tant que membres du conseil scientifique, un autre rôle : veiller à ce que les règles de sélection soient appliquées de manière équitable, quelles que soient les disciplines ou les sujets concernés. Il s’agit davantage d’une fonction de contrôle. J’attends avec impatience nos discussions et je suis sûre que j’apprendrai beaucoup de choses.